Ajouté le 2 janv. 2018
Mon cheminement, ma quête artistique, philosophique, métaphysique, et même socio-politique ... c'est en fin de compte cette quête de l’essence profonde de l’Humain ... à ce qui touche directement au mystère de ses origines, de sa nature et de sa destination ... à ce triple questionnement : "D'où venons nous ? Que sommes nous ? Où allons nous ?", titre d'un célèbre tableau de Gauguin ... Cela fait bien longtemps que cette triple question m'obsède, absorbe mes pensées ... et chaque fois, ma réflexion converge dans une même direction, que je pourrais synthétiser en la synergie de ces trois entités, ce triptyque : "Gaïa, Prométhée, Eros" ... ou encore, en termes contractés "Gaïa Prométhéros" ... voilà ma vision de l’Homme, l’Homme pleinement accompli ... Cet Homme Nouveau, libre, éveillé, sachant et tout puissant, émergera le jour où Prométhée honorera Gaïa comme la grande Déesse Mère sacrée tout en y puisant toute sa science et sa force vitale, aux lieu et place de la renier, de la défier et de chercher à la dominer (science sans conscience n'est que ruine de l'âme) ... ce jour-là naîtra le "surhomme" véritable, l'homme conscient et libre, l'homme de la terre, du ciel et du feu, animé de la toute puissance divine, vitale et créatrice ... l’Adam Kadmon renaissant de ses cendres, aussi flamboyant que le Phoenix ...
Ce Nouveau Prométhée, qui célèbre Gaïa, est cet Homme libre, à la conscience élevée, à la fois enraciné et déployé, tel un arbre, qui s'élève et s'étend à l'infini ... sa sève est l'Eros, son horizon est la Beauté ...
Cindy Millet
Ajouté le 8 janv. 2017
La musique est mouvement, le mouvement est peinture ... et vice versa et quelle qu'en soit la combinaison ... Musique, danse, peinture, tout est en correspondance, en interconnexion ... Sentir la musique, danser, dessiner ou peindre, c'est encore vibrer, libérer les forces cosmiques qui nous habitent ... c'est s'oublier en ce monde pour voyager dans un ailleurs, atteindre une autre dimension ... c'est un processus puissamment désinhibiteur, qui nous fait nous échapper des limites du réel, qui libère en nous la toute puissance vitale pour nous élever, nous dilater vers une dimension supérieure, hors espace-temps ... La création inspirée, quelle qu'en soit le vecteur, c'est la sortie de l'humain et l'éclosion, la libération du surhumain qui sommeille en nous ... instant fugace, électrisant, euphorisant, exalté, un grand dérèglement de tous les sens, porté à incandescence, qui échappe à notre contrôle et qui défie les lois physiques de ce monde ... une expérience mystérieuse et mystique, à la fois si profondément spirituelle et charnelle, comme une danse magique, une transe chamanique, si profondément érotique et puissamment extatique ... qui, nous fait toucher l'infini ...
Cindy Millet
Ajouté le 8 janv. 2017
Il nous faut ré-enchanter le Monde … ou bien en ré-inventer un autre, réenchanté ... Mais cela ne pourra s'opérer que par le réenchantement de l'Eros ... l’Eros désir, cette énergie vitale et motrice, cette incandescence, cet ignis, cette énergie sexuelle sublimée, cette puissance autogénératrice et créatrice … l’Eros comme affirmation de la “Volonté de Puissance” au sens nietzschéen du terme ... de cette sève vivifiante qui fait croître la plante et l'arbre, qui fait grandir l'Homme, qui le fait se développer, se dépasser, se libérer, sortir de lui-même pour éclore, se déployer, s'élever vers la lumière, les yeux rivés vers le soleil et les étoiles ...
Or notre monde moderne a entrepris de tuer l'Eros ... en lui donnant du poison à boire afin de le frustrer et le faire dégénérer ... remplacé, par usurpation, par le culte du besoin ... besoin effréné de consommer, consumer ... se consumer ... besoin mécanique et bestial qui, chaque jour un peu plus, avilit, abaisse et "émascule" l'Humanité, la soumet, la rend servile, dépendante, rampante et désespérément vide de pensée et de désirs véritables ... car les hommes en viennent à confondre besoin et désir ... Non, nous ne vivons pas/plus dans une société du désir, mais bel et bien dans une société du besoin ... La première libère, la deuxième enchaîne ... Les Hommes se croient libres là où ils sont dans les fers ... ils croient vouloir par eux-mêmes là où on les détermine à agir ... En vérité, ils n'agissent pas, ils "sont agis" ... ils s'oublient eux-mêmes, perdent leur identité véritable, leur authentique moi, pour s'identifier à leur environnement, à ce que la société attend d’eux, à ce qu’elle leur tend sur les présentoirs ... à tous ces objets de consommation, ce prêt-à-consommer et ce prêt-à-penser ... Ils ne sont alors plus sujets, plus maîtres de leur volonté, mais deviennent progressivement eux-mêmes, par processus d’identification, de simples objets ... objets interchangeables, manipulables, exploitables et jetables à volonté entre les mains de leurs maîtres, de leur gourous, de ceux qui tiennent les ficelles de ce judicieux et impitoyable système ... “Avoir” ... nulle idéologie, nulle religion n’est plus puissante, plus virale, plus fanatique que ce “culte de l’avoir” ... Elle flatte les plus bas instincts, tout ce qu’il y a de plus vil en l’homme (les sept péchés capitaux) ... Avoir toujours plus, toujours mieux, toujours plus grand, plus clinquant, plus à la pointe du « progrès » (ou du moins ce que l'on nous fait passer pour du progrès) ... envier ce que possède le voisin, le "vouloir" à tout prix ... jusqu'à ce qu'on l'obtienne et qu'on s'en lasse, que ce ne soit plus suffisant, plus à la mode ... ils ne sont, par définition, jamais satisfaits ... et donc perpétuellement envieux et frustrés ... Convoitise et jalousie sont le pain quotidien de cette société hyper-matérialiste dégénérée et névrosée, par le jeu de cette effroyable confusion de l'Etre et de l'Avoir ... l'Avoir qui se substitue à l'Etre, qui l’écrase, qui l’étouffe .... Mais dans cette quête effrénée du toujours plus, les esclaves du besoin finiront par se consumer entièrement ... peut-être même finiront-ils par se manger eux-mêmes, si par quelque événement terriblement chaotique, ce bel édifice social et économique, cette bulle de confort et de prospérité illusoires (bâtie sur la grande supercherie du crédit) venait à s'effondrer du jour au lendemain … l'échéance n'est pas si lointaine ... Imaginez donc la réaction d’un toxicomane que l’on priverait brutalement de sa drogue ... imaginez donc cela à grande échelle ... La névrose contenue jusqu’alors sous des apparats de bienséance sociale risquerait fort de se transformer en rageuse et violente psychose (auto-)destructrice, dévastatrice ... une immense crise de delirium tremens magnitude 9 sur l’échelle de Richter ! Finalement, dans de telles conditions, l’humanité est condamnée à se consumer, à s'auto-détruire, progressivement ou plus violemment ... Nul corps, nulle civilisation, nulle humanité ne peut s'épanouir ni survivre sur le besoin et la dépendance ... La toxicomanie mène toujours à la mort ... Le toxicomane remplace son énergie vitale par sa drogue et pour ne pas subir les angoisses et tourments de l'état de manque, il doit toujours et encore un peu plus augmenter sa dose ... jusqu'à ce que le poison le transforme totalement en légume, jusqu'à ce qu'il le ronge, le consume entièrement ... Voilà la maladie dont souffre notre monde, notre Humanité ... Celle-ci est devenue dangereusement toxicomane ... hautement addicte à cette consommation de masse et, avec elle, au crédit, à tous ces pièges de mise en dépendance qui lui sont tendus en permanence, sous couvert de bonheur, de confort, de sécurité, de bien-être, de progrès ... d'alléchants petits paradis artificiels ... qui peu à peu, insidieusement, prennent le contrôle de votre corps, de votre esprit, vous annihilent, vous rongent de l'intérieur, pour vous transformer en véritable zombie ...
Voici venu le règne du Thanatos, par empoisonnement de l'Eros ... L'Humanité ne peut y survivre, à moins de subir une sérieuse cure de désintoxication ... désintoxiquer son Eros, le purifier, le revivifier, le ré-exalter .... L’ Humanité doit réapprendre à trouver en elle-même sa propre nourriture, ses propres ressources, sa propre sève nourricière, se reconnecter à sa source authentique, retrouver le désir, le feu sacré, l’ignis, la puissance d’exister ... Sans cette énergie vitale autogénératrice et créatrice, l’exaltation de cette toute-puissance de l’Etre ... l’Humanité est irrémédiablement condamnée ... telle une plante privée de sève, elle finit par se dessécher et faner ... L'Eros est à l'Humanité ce que la sève est à la plante, ce que le flux sanguin est au corps ... Quand le sang ne circule plus, le corps se nécrose, la gangrène gagne et emporte ... Sans cette énergie vitale, sans ce flux, tout s’éteint, tout se meurt ...
Oui, le réenchantement du Monde (ou cet autre à venir) doit bel et bien passer par le refus et la mise à mort de cette société du besoin (règne du Thanatos) et, au contraire, par la résurrection et l’exaltation de l'Eros, dans sa toute puissance motrice et vivifiante ... un Eros purifié et magnifié, affranchi de tout ce qui le limite, le frustre, le culpabilise, l’enserre, le bride et l’étouffe ... Pour se libérer, l'Homme doit libérer son Eros ... s'affirmer pleinement dans cette soif d'être authentiquement, dans cette puissance d'exister et de désirer, un Eros débarrassé des injonctions sociales et économiques, de toutes idéologies et tous dogmes limitatifs et sclérosants qui le conditionnent, l'écrasent et l’étouffent ... libre d'être, de penser, de créer, de rêver, d’inventer, de désirer, d'aimer, d’irradier le monde de sa lumière ... libre de vivre et d’agir sous sa seule volonté authentique, affranchie de toute autre ... reconnecté à la Nature et à sa nature véritable ... incandescent, flamboyant, le regard rivé vers le Soleil et les étoiles ...
Aleister Crowley ne prétendait pas dire autre chose que cela dans ces trois phrases clés de son “Livre de la Loi” : “Every Man and Woman is a star” ... "Do what thou wilt shall be the whole of the Law. Love is the law, love under will."
Cindy Millet
Ajouté le 1 mai 2015
Quand la vulnérabilité devient force, quand l'insoutenable et cruelle souffrance devient sublime, d'une beauté terrible, puissante et bouleversante... quand l'art se fait catharsis et sublime alchimie ...
La découverte de la vie et de l'oeuvre si singulière de Frida Kahlo a été pour moi une incroyable révélation, un coup de foudre artistique et humain, une formidable source d'inspiration ... L'oeuvre de Frida Kahlo symbolise ce qu'il y a de plus beau et de plus puissant dans l'art, ce pouvoir de transformer le plomb en or ... par la force de l'expression, de l'émotion ... cette sublimation des forces ténébreuses et mortifères en une formidable, lumineuse et invincible force de vie ... la transfiguration et la sublimation du Thanatos par la force de l'Eros ... C'est toute la vie et l'oeuvre de Frida Kahlo qui, malgré sa triste et effroyable condition, ce corps de douleur mutilé et encamisolé, a trouvé dans l'art et l'amour la force de vivre, pleinement, passionnément, intensément, en femme libre, épicurienne assumée, affranchie des conventions sociales de son époque ... une femme qui, au lieu de se résigner à sa condition mortifère, a fait le choix de la dépasser pour croquer la vie à pleines dents et la sentir vibrer en elle ... Et cela, elle y est parvenue grâce à l'art, l'art comme processus cathartique, libérateur, l'art comme thérapie, une thérapie de choc ... Oui, c'est son art qui l'a sauvée, qui lui a donné cette incroyable force, ce courage admirable et déconcertant, ce pouvoir extraordinaire de résistance et de résilience, cette rage de vivre malgré tout. Elle qui voulait être médecin, elle a trouvé dans l'art la plus efficace des médecines, celle de son âme.
Il y a quelque chose de profondément mystique, symboliste et métaphysique dans l'oeuvre de Frida ... cette tension permanente entre l'Eros et le Thanatos, force de vie / force de mort ... ce Thanatos qu'elle ne rejette pas, mais bien au contraire, qu'elle ressent pleinement, qu'elle assume, qu'elle accepte et, plus encore, qu'elle exacerbe au plus haut point, par la force de l'expression artistique, comme pour mieux le digérer, l'expulser, le purger, le transcender ... ce Thanatos qu'elle exprime dans toute sa violence et parfois même dans son horreur, jusqu'à, dans certaines oeuvres, mettre à nu son intimité profonde, son anatomie, ouvrir cette chair meurtrie, la disséquer, à y faire jaillir ses entrailles et son sang et, dans le même temps, toute la charge de ses tourments et émotions ... comme un cri à la fois terrible et sublime, cri de douleur d'une chair à vif, une chair ouverte qui jamais ne se referme, et, dans le même temps, un cri de vie, un puissant et vibrant appel à la vie ... comme le cri de l'enfant qui naît, émergeant des entrailles de sa mère, joint au cri de cette mère accouchant dans la douleur ... cri de souffrance, cri de vie ... la chair ouverte qui saigne pour mieux accoucher ... accouchement d'un enfant fantasmé qu'elle ne pourra jamais avoir ... et, au final, accouchement d'elle-même (voir cette oeuvre très forte et symbolique : "Ma Naissance") ...
Cette oeuvre, cette chair ouverte, ce cri, c'est toute l'histoire de son existence, de ce corps de douleur dans lequel elle se trouve emprisonnée et avec lequel elle doit apprendre à vivre depuis ce jour de ses 18 ans où, victime d'un terrible accident de bus, il s'est brisé, fracassé, disloqué, frappé si injustement et cruellement par le destin, transpercé par une barre de fer de l'abdomen jusqu'au vagin (comme un viol) ... Une histoire qui aurait pu se résumer à une résignation face à la mort, une complainte, une capitulation, un torrent de larmes, un destin subi et l'attente d'une mort imminente ... Mais cette capitulation, elle s'y est refusée, elle la femme si pétillante, passionnée, rebelle, sensuelle, si pleine de vie ... cette souffrance, elle l'a expulsée sur la toile, dans toute sa violence et sa cruauté, non pas pour s'y complaire et s'y enterrer, mais pour mieux se la réapproprier, la dépasser, la sublimer ... oui, sublimer l'insoutenable, l'indicible douleur de l'existence en une beauté déconcertante et bouleversante ... une beauté qui vous prend aux tripes, qui dérange et fascine tout à la fois, jusqu'à vous happer, vous hypnotiser ...
Telle est la toute-puissance de l'oeuvre de Frida, une oeuvre qui, loin d'être mortifère et apathique est en réalité profondément vitaliste ... une oeuvre si singulière, pétrie de symbolisme qui, au-delà de l'expression du tourment, recèle un trésor de vérité sur l'essence profonde de l'Humanité, sur le sens de la vie, une formidable leçon de vie ... "Pourquoi voudrais-je des pieds puisque j'ai des ailes pour voler ?", disait-elle ... tout est dans cette phrase.
Cindy Millet
Bibliographie / filmographie :
Frida Kahlo, la beauté terrible (Gérard de Cortanze)
Pascal, Frida Kahlo et les autres ou quand la vulnérabililté devient force (Charles Gardou)
Biographie de Frida Kahlo (Hayden Herrera)
Frida Kahlo, les ailes froissées (Pierre Clavilier)
Le Journal intime de Frida Kahlo (introduction de Carlos Fuentes, éditions du Chêne)
Frida Kahlo, confidences (Salomon Grimberg)
Frida (film culte de Julie Taymor, avec Salma Hayek)
Frida Kahlo, entre l'extase et la douleur (Anas Vivas, R. Castano Valenda)
Frida Kahlo Viva la Vida (pièce de théâtre écrite par Humberto Robles)
Ajouté le 28 avr. 2015
En tant qu'artiste, il m'est impossible d'être hermétique à la réalité qui m'entoure ... Bon gré mal gré, j'y suis sensible, pour ne pas dire hyper-sensible ... Cette réalité m'imprègne, comme une éponge absorbe l'eau.
Cette effroyable violence faite à l'Homme, à la terre, aux peuples, aux opprimés, aux sans-voix, aux sans-armes ... cette oppression, ce mépris, cette injustice ... Comment le sentiment de colère et de révolte face à cette inacceptable réalité ne me gagnerait-il pas, inévitablement, dans mon processus créatif ?
Expressionniste, symboliste, empreint de sacré, mon art est d'abord et avant tout profondément humaniste et animé par un idéal prométhéen ... Art du sens, art de l'émotion, art de l'exaltation de l'Humain, dans toute sa complexité et sa profondeur ... dans ses tourments, sa souffrance, sa colère ... mais aussi dans sa splendeur, sa force, sa vitalité, sa dignité, sa combativité, sa foi, sa quête de liberté ... art tout à la fois tourmenté et puissant ... dur, viril, sensuel, épique, romantique, héroïque, poétique et profondément idéaliste ... La tragédie de l'expression, la force de l'émotion et la puissance de l'idéal au service de l'éveil des consciences et de l'élévation de l'être humain : telle est l'essence profonde de mon oeuvre ...
Oui, l'Art est à mon sens un formidable éveilleur de consciences, un accoucheur des esprits ... C'est aussi un provocateur, un remueur d'émotions ... quitte à piquer au vif les bien-pensants ... Il n'est pas fait pour plaire à la foule, flatter la masse ... mais au contraire pour percer la profondeur des âmes, casser la carapace, faire tomber les masques, mettre à nu, à vif ... et tendre un miroir ... Il est fait pour toucher, piquer, bouleverser, provoquer des émotions puissantes ... pour mieux inviter à la réflexion, questionner, bousculer ... réveiller, par "l'intelligence du coeur", les consciences endormies. Comme le disait si bien Picasso, "l'Art n'est pas chaste (...) ou s'il l'est, ce n'est pas de l'Art".
A mes yeux, l'art contemporain peut encore servir à quelque chose de grand, de beau, de noble ... s'élever contre ce qui avilit, brise et détruit l'humain, pour faire émerger et exalter l'Humanité dans ce qu'elle a de plus beau, de meilleur et de divin ... peindre l'essence, la vérité profonde de l'Homme, son lien ombilical à la source sacrée, à la terre-mère, à la nature, à l'univers, au cosmos, au divin ... peindre la beauté et la lumière de son âme par la force de son regard, par la force de l'expression ... peindre sa vérité intérieure, son étincelle et sa force vive ... Oui, à mes yeux, l'art contemporain peut encore délivrer du sens et de l'émotion, de la beauté et de la profondeur ...
L'artiste est, qu'il le veuille ou non, le témoin et le messager de son temps, de la réalité qui l'entoure, de sa réalité ... A mes yeux, l'art consiste précisément à saisir cette réalité, dans ce qu'elle a de plus terrible, à s'en imprégner, à la ressentir intensément, charnellement, passionnellement, pour mieux en percer la vérité profonde et substantielle ... pour mieux la transfigurer, l'humaniser, la magnifier, la sublimer ... dépasser, transcender la dureté, la laideur, la bestialité, la crudité, la cruauté, l'injustice, la violence, la souffrance, l'absurdité et l'apparente fatalité de cette réalité temporelle, pour mieux l'élever, lui insuffler une vérité spirituelle, une force lumineuse, une énergie vitale transcendantale, une poésie, une musicalité, une beauté intemporelle ... comme l'alchimiste sait transformer le plomb en or ...
Oui, l'Artiste est un alchimiste ... ré-enchanteur d'un monde désenchanté ...
Cindy Millet